No Design, No Future !

Parmi les tendances graphiques de cette année qui ont attiré notre attention, le No Design est l’évolution ultime et logique des modes précédentes. Après le style 2.0 ayant émergé avec la prédominance des années web auxquelles de nombreuses marques ont succombé pour s’encombrer d’ombres portées et de textures, le méa culpa fut rapide avec l’arrivée du « flat design ». Le minimalisme et l’épuration ont définitivement remisé au grenier les effets, les couleurs, les polices de caractères extravagantes mais aussi toute notion d’histoire ou d’héritage.

 

LESS IS MORE.

Prônant que le fond doit l’emporter sur la forme, ce nouveau style quasiment nihiliste prône que plus la forme est simple, plus le message est fort. Certains détracteurs diront que cette absence (apparente) de créativité masque une certaine fainéantise créative voir le manque de talent… On ne peut s’empêcher de reconnaitre une certaine force et un impact visuel brut à ces nouvelles identités, sans genre, sans affect, tellement emblématiques du monde moderne.

Ainsi la marque Yves Saint Laurent, devenu SAINT LAURENT sous l’impulsion du directeur artistique Heidi Slimane, a opté pour un retour aux sources, gommant le magnifique typogramme dessiné par Cassandre en 1961 pour la réintroduction du logo original composé en Helvetica. Toutefois ce changement ne devrait affecter que les collections signées par Slimane.

Autre exemple emblématique, la chaîne d’information viceland.com et sa charte minimaliste créée par le studio New-Yorkais Gretelny. Encore une fois l’utilisation du noir et blanc et l’Helvetica sont généralisés. L’omniprésence du blanc et des espaces vides ne semble plus effrayer personne, et l’aspect général de flottement est encore renforcé par la systématisation des lettres capitales.

 

Cette mode semble aussi toucher le domaine de la beauté et du packaging : le studio canadien Bruce Mau signe l’identité de STELLAR, une marque de cosmétique très épurée, à l’instar de la marque « sans marque », Brandless , nouvel hype venue des U.S.A, ou comment le fait de ne plus avoir d’identité en crée finalement une.

 

 

UNE SIMPLICITE TROMPEUSE.

Mais si cette apparente nonchalance stylistique peut évoquer une certaine forme de pauvreté, tant formelle que spirituelle, elle n’en reste pas moins une tentative certes minimale, de design (un agencement de textes et d’images ayant du sens). Cette tendance plonge ses racines dans le constructivisme du Bauhaus et le design minimal suisse, qui avec sa maîtrise du vide, de l’espace et du rôle majeur confié à la typographie, notamment avec la prédominance de la toute puissante Helvetica, a jeté les base de cette épuration stylistique radicale.

La marque Apple en a fait son principal atout commercial depuis son renouveau en 1998 par le biais du design épuré de ses produits, reliftant son célèbre logo à la pomme arc-en-ciel en noir (avant de subir les affres des effets reflets en 2001 puis 2007 pour revenir à un gris so Steve Jobs aujourd’hui). Certaines marques ayant succombé aux sirènes du marketing et de la mode graphique du moment, s’y sont brulé les ailes, tel Gap qui a dû retirer précipitamment son nouveau logo sous la pression des consommateurs, en 2010.

 

Il faut cependant admettre que dans bien des cas le no-design (à la différence du minimalisme), relève plus d’un manque flagrant de culture graphique et typographique que d’une réelle volonté artistique. C’est aussi un élément révélateur du diktat de stratégie marketing absurde au détriment de la conception graphique et in fine de la créativité.

N’est-ce qu’une mode ? On peut en douter en constatant que des marques de premier plan ont adopté le no design, dans les domaines du prêt à porter, de l’information ou de la cosmétique. Ces marques à la pointe des tendances, seront sans doute copiées par des entreprises grand public ayant volonté de plaire, au risque d’y perdre un peu plus leur… identité.

Cette tendance semble d’ailleurs se généraliser dans la société de consommation contemporaine : le no make-up se généralise parmi les people, à l’instar d’Alicia Keys, le no-poo revendique de se passer de shampoing, les IT-girls s’emparent du no-bra, et plus généralement le no-genre permet à chacun d’adopter un look unipersonnel.

 

Crédit Cover Photo | Siaka Soppo Traoré

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  1. RE – NÖ ?

  2. trop cool ton article

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