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L’e-sport, naissance d’un phénomène en Afrique....

L’e-sport, naissance d’un phénomène en Afrique.

Imaginez que vous soyez dans une arène ou une salle de plus de quarante mille places à crier ou à applaudir pour encourager des joueurs assis derrière une console ou un ordinateur. Ils pratiquent du sport, vous dit-on. Vous ne voyez ni Messi, ni Cristiano Ronaldo, ni Lebron James et encore moins Nadal, mais plutôt des joueurs professionnels de jeu vidéo qui pratiquent ce que l’on appelle l’e-sport ou sport électronique.

Le E-sport concrètement c’est quoi ?

L’e-sport c’est l’organisation de grands tournois de jeu vidéo avec des milliers de joueurs interconnectés qui s’affrontent pour tenter de remporter de grosses sommes d’argent. Pourquoi ? Parce que le jeu vidéo est la première industrie culturelle dans le monde, il devance la musique et le cinéma au classement des industries les plus lucratives, n’est-ce pas grandiose comme dirait Franklin dans Ma famille d’abord ? Plus sérieusement, son chiffre d’affaires est monté à 100 milliards de dollars en 2017 et continue de grimper. Plutôt impressionnant, non ? Les plus grandes compétitions de jeu vidéo organisées par les éditeurs ou encore les fédérations mobilisent des milliers de personnes: joueurs professionnels, acteurs, journalistes, commentateurs et surtout spectateurs.

Ces tournois se déroulent généralement dans de grandes salles ou des arènes et sont très fortement médiatisés par le biais de chaînes télés comme ESPN ou encore sur internet grâce à YouTube et Twitch. Aujourd’hui une finale de E-sport est plus regardée qu’une finale de NBA, n’en déplaise aux fans des Splash Brothers et met en avant des joueurs professionnels qui appartiennent à des équipes sponsorisées par les plus grandes marques ou fournisseurs de produits informatiques.

 

Y’a-t-il du Esport au Wakanda ?

Si vous pensez une seule seconde que nous sommes complètement largués par le phénomène du e-sport, sachez que vous avez absolument raison. Aucune présence en Afrique d’éditeurs de jeu vidéo international, nous n’avons pas de gamers pros dans les grands clubs du monde, le pouvoir d’achat est faible et surtout aucun serveur dédié de grande envergure installé sur le continent. Néanmoins depuis quelques années l’Afrique tend à devenir la terre promise du E-sport. Des efforts considérables ont été enregistrés depuis le développement des nouvelles technologies numériques, internet est plus accessible, des tournois en ligne sont organisés et du côté « offline » il y’a eu en 2017 la Can E-sport organisée par Orange Football Club qui a regroupé huit pays du continent autour d’une compétition de PES 2017.

Par la suite, le Maroc a accueilli L’Africa Game Show en novembre de la même année avec 16 pays dont Madagascar autour de jeux comme Street Fighter, FIFA, PES, Rainbow Six Siege et Counter Strike. En Côte d’Ivoire, la première édition du Festival de l’électronique du Jeu vidéo D’Abidjan (FEJA) avait regroupé plus de cent cinquante joueurs et les vainqueurs ont reçu des prix monétaires allant de 1.000.000 à 3.000.000 de CFA. Les ivoiriens ont une forte communauté de gamers regroupés autour de l’association Gamers CI.

Toutefois, il convient de noter que la culture du e-sport sur le continent de Black Panther est plus développée en Afrique anglophone avec des pays comme le Kenya, le Ghana, l’Afrique du Sud ou encore le Zimbabwe qui organisent des tournois très populaires. Ils ont de très bons joueurs dans des jeux comme Rainbow Six Siège ou encore Counter Strike et ont le soutien de partenaires comme Asus ROG qui appuie le financement de ces tournois. L’Afrique du Sud qui est sans aucun doute le pays le plus avancé coté E-sport, accueille chaque année la Rage Expo, un événement d’envergure mondiale avec plus de 100.000 dollars de prix monétaire, 526 médias accrédités et la présence de partenaires comme HP Omen, Monster, ASUS et bien d’autres évoluant dans le domaine de l’informatique.

 

Quid du Sénégal ?

Rassurez-vous, notre cher pays s’intéresse au phénomène qu’est l’e-sport, mais reste cloîtré dans des stéréotypes datant du moyen âge qui racontent que les jeux vidéo ne sont pas positifs pour les enfants, que les hommes qui y jouent sont immatures. Un concentré de théories factices visant à décrédibiliser cette industrie culturelle. Pourtant, les personnes qui critiquent cette industrie sont souvent celles qui jouent à Candy Crush ou encore Subway Surfer derrière leurs bureaux aux heures de pause ou dans les arrêts de bus et qui ne réalisent toujours pas que cette passion de leurs enfants ou de leurs amis peut devenir un vrai métier pour eux. Ils pourraient gagner de belles sommes d’argent comme au football ou au basket avec un peu plus de soutien et d’encadrement.

Au Sénégal, le phénomène du e-sport a émergé en 2012 avec SENGAMES, l’association sénégalaise des gamers qui a organisé l’un des tout premiers tournois e-sport sur PES 2012 au CICES Dakar. Un événement qui a accueilli plus d’une centaine de fans,  gamers, spectateurs, journalistes et sympathisants.

Cependant, le vrai déclic est intervenu en 2016 lors de la première édition du Dakar Digital Show organisée par Orange Sénégal qui a vu un représentant de Orange France parler des enjeux du e-sport et de la volonté de l’opérateur téléphonique de vouloir investir en Afrique dans ce domaine. En 2017 Orange Sénégal avec l’appui de SENGAMES et de la World Gaming Fédération a organisé les qualifications pour la compétition CAN E-sport sur PES 2017 au Gabon, le Sénégal y avait terminé troisième meilleure nation du tournoi et deuxième meilleure nation sur FIFA 18 lors de l’Africa Game Show.

De nos jours, les tournois E-sport se multiplient avec de nouveaux acteurs, souvent pseudo-experts en la matière qui organisent des événements de gaming dans la capitale du Sénégal en partenariat avec des entreprises connues. Il faudrait tout de même relativiser le concept et ne pas en faire un fourre-tout, car il faudrait que certaines conditions soient réunies pour qu’un tournoi puisse être considéré réellement comme de l’e-sport.

Quelles sont ces conditions ? Le professionnalisme des joueurs qui s’adonnent à des entraînements réguliers et ayant de l’expérience par rapport au jeu proposé. L’existence et la création de clubs orientés strictement gaming. La notion de spectacle, car le vrai e-sport est un spectacle au même titre que la Coupe du monde de football commenté par des « casters » célèbres. Et enfin la médiatisation des tournois organisés sur YouTube, à la télévision ou sur Twitch.

Aujourd’hui le Sénégal possède une équipe FIFA 18 Club Pro accompagnée par SenGames et déterminée à remporter la prochaine Coupe du monde FIFA Club Pro, des clubs de jeu de baston comme MGB ou  Raak Ba Dé. Les joueurs, Jamba e-sport des joueurs qui s’entrainent régulièrement sur les nouveaux jeux E-sport: Overwatch, Counter Strike, Fortnite ou encore PUGB. A cela s’ajoute une grande communauté regroupée autour de League of legends avec plus de milles membres qui jouent régulièrement et ont  leur propre compétition suivie et commentée par des casters sur Youtube. L’évolution du e-sport au Sénégal est encore assez timide, mais très prometteuse. Il faudrait une réelle implication de certaines marques et la formation de joueurs pour la faire décoller un peu plus.

Pour conclure, si le e-sport est bel et bien un phénomène reconnu et respecté dans le monde qui continue d’exploser les records, l’Afrique n’est pas en reste et tente de rattraper le peloton malgré le manque de soutien financier. Seulement tant que le prix d’une console de jeu sera plus élevé que le salaire moyen en Afrique il y’aura toujours un grand écart entre L’Europe, L’Asie, les USA et notre continent. Cependant on y croit, comme on croit mordicus qu’un pays africain remportera la Coupe du monde ! En attendant, « e-sportez-vous » bien.

 

Illustrations : Denkart

 

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